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Raisonnement

Raisonnement
Enchaînement ou articulation des idées constitutif de la pensée discursive (voir Cognition). Le terme est utilisé en logique classique, mathématiques, philosophie, psychologie, rhétorique, logistique (ou théorie de l'organisation) et philosophie Cognitive (voir Cognitivisme).
Fonctions du raisonnement
Le raisonnement est une association logique d'idées qui conduit à une conclusion. Il établit des rapports entre différents éléments, mais différemment de l'association d'idées (voir Associationnisme) : la conscience y a ici une visée précise. Les fonctions d'un raisonnement peuvent être les suivantes : test d'une hypothèse, application de connaissances générales à un cas particulier, contrôle de la cohérence d'une proposition ou d'une thèse avec un ensemble de thèses, argumentation rhétorique ou persuasive, préparation de l'action par constitution d'un scénario approprié. Le raisonnement, enfin, prend place dans les stratégies de décision.
Nature du raisonnement
Le raisonnement est intrinsèquement lié à la pensée causale. La capacité de raisonnement varie selon les âges (Jean Piaget) et l'éducation. Elle peut être calculée par des tests appropriés. Le raisonnement peut être inductif (du particulier au général) ou déductif (du général au particulier). On peut distinguer également le raisonnement concret, qui tire des conclusions de l'observation des choses, le raisonnement abstrait qui enchaîne ses arguments à partir de concepts ou de synthèses d'éléments concrets, et le raisonnement délirant qui enchaîne les arguments sans référence concrète explicite pour une communauté déterminée. L'analogie établit le rapport : ce que A est à B, C l'est à D. Dans le raisonnement par l'absurde, on démontre que la négation de ce qu'on suppose est contradictoire, d'où l'on peut déduire que ce que l'on suppose est juste.
Si la validité d'un raisonnement dépend de sa logique de déduction et du passage des prémisses (point de départ) aux conclusions, il est néanmoins important de situer le contexte d'un raisonnement qui lui assigne des référents (objets) implicites : raisonnements pratique, religieux, philosophique, etc. Le raisonnement est évidemment inséparable de la notion du discours et d'argumentation.
Philosophie
L'ensemble de l'histoire de la philosophie peut être lue comme l'histoire du raisonnement : des discussions de Socrate et de ses disciples dans les dialogues de Platon pour déterminer si telle ou telle proposition est juste aux réflexions des philosophes et logiciens contemporains (G. Frege, G. Peano, L. Wittgenstein, Pierce, B. Russell, W. Quine) en passant par la question des preuves de l'existence de Dieu (saint Anselme de Canterbury, Descartes, Kant, Hegel). La réflexion sur la méthode en philosophie met en œuvre la recherche du juste raisonnement : Aristote, après Platon, combat les syllogismes (raisonnements erronés) des sophistes (rhéteurs) dans les Réfutations sophistiques; Descartes, dans les Règles pour la direction de l'esprit, élabore une méthode pour s'assurer de la justesse de la pensée et évoque non sans envie dans le Discours de la méthode «ces longues chaînes de raison des géomètres»; Kant, dans la Critique de la raison pure, dénonce les paralogismes et les antinomies de la raison qui, cherchant à expliquer ce qu'elle ne peut atteindre, en vient à tenir des raisonnements erronés ou contradictoires termes à termes.
Le philosophe belge Chaïm Perelman (1912-1984) a construit une «philosophie de l'argumentation» à partir de l'analyse des raisonnements. De même, dans la tradition anglo-saxonne de «philosophie analytique» ou cognitive, le raisonnement utilisé dans la «discussion» ou réflexion sur une question particulière est étudié pour en déduire des vérités philosophiques sur l'art, la moralité, etc.
Psychiatrie
Le psychiatre français d'origine polonaise Eugène Minkowski (1885-1972) a mis en valeur le caractère schizophrène d'une certaine utilisation du raisonnement coupé de la réalité dans ce qu'il a appelé le «rationalisme morbide» : du fait d'une certaine «perte de contact vital avec la réalité», le sujet vit dans un monde réduit à des enchaînements logiques personnels, le raisonnement se substituant à la vie. Des mécanismes semblables sont également à l'œuvre dans les psychoses paranoïaques

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