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Psychologie

Psychologie
Science du comportement de l’Homme et éventuellement d’autres animaux supérieurs (psychologie animale); elle étudie chez l’Homme les fonctions psychiques et les processus mentaux tels que la perception, la mémoire et l’intelligence, en d’autres termes, la façon consciente ou inconsciente dont les êtres humains sentent, pensent, apprennent et connaissent. La psychologie moderne se donne pour tâche de recueillir des données objectives et quantifiées sur le comportement et sur l’expérience afin d’en faire la synthèse dans des théories psychologiques. Ces théories aident à comprendre, à expliquer et dans certains cas à infléchir le comportement des individus.
Historique
La psychologie ne s’est constituée comme science qu’au XIXe siècle, mais ses principaux concepts — et l’idée même d’esprit — furent élaborés dès les débuts de la philosophie, dans l’Antiquité grecque.
Débuts philosophiques
Platon, Aristote et d’autres philosophes grecs ont formulé quelques-unes des questions fondamentales de la psychologie qui sont encore à l’ordre du jour : l’Homme naît-il avec des dons, des capacités et une personnalité spécifiques ou les acquiert-il au contraire par l’expérience? Comment l’Homme parvient-il à connaître le monde? Les idées et les sentiments sont-ils innés ou acquis?
La théorie psychologique moderne plonge ses racines dans l’œuvre de René Descartes et dans celles des philosophes britanniques Thomas Hobbes et John Locke au XVIIe siècle. Descartes affirmait que le corps de l’homme est semblable aux rouages d’une machine, tandis que l’esprit ou l’âme est une entité distincte, dont la seule activité est de penser. Il soutenait que l’esprit renferme certaines idées innées, qui ont un rôle fondamental dans la structuration de l’expérience. Hobbes et Locke attachaient pour leur part un rôle primordial à l’expérience comme source de la connaissance. Locke pensait que tout ce que l’on sait du monde extérieur nous est transmis par les sens et que les idées sont adéquates aux choses seulement lorsqu’elles procèdent d’une information sensorielle.
La psychologie moderne s’est en grande partie développée à partir des conceptions empiristes de Locke, mais l’idée cartésienne d’une structure mentale innée se retrouve aujourd’hui encore dans certaines théories de la perception, du langage et de la cognition (pensée et raisonnement).
Développements scientifiques

Étude des fonctions des différents systèmes organiques du corps, la physiologie est le champ qui a le plus puissamment contribué au développement de la psychologie scientifique. Le physiologiste allemand Johannes Müller (1801-1858) s’est efforcé de mettre en relation l’expérience sensorielle avec, d’une part, les processus du système nerveux et, d’autre part, les conditions du milieu environnant. Les premiers grands initiateurs de la psychologie expérimentale furent le physicien allemand Gustav Theodor Fechner (1801-1887) et le physiologiste allemand Wilhelm Wundt. À partir de recherches expérimentales précises, permettant d’évaluer la quantité d’énergie nécessaire pour produire les stimuli à l’origine des sensations, Fechner crut pouvoir établir que l’intensité psychique de la sensation varie comme le logarithme de l’excitant (loi de Fechner). Wundt, qui créa le premier laboratoire de psychologie expérimentale à Leipzig, en 1879, a initié des étudiants du monde entier à cette nouvelle science.
Les premiers médecins qui s’intéressèrent aux maladies mentales ont également contribué au développement des théories psychologiques modernes. Ainsi, la classification systématique des troubles mentaux réalisée par le pionnier allemand de la psychiatrie, Emil Kraepelin, sert encore de base aux méthodes de classification en usage de nos jours. Plus célèbre encore est l’œuvre de Sigmund Freud, inventeur du système d’analyse et de traitement connu sous le nom de psychanalyse. Dans son œuvre, Freud a attiré l’attention sur les pulsions instinctuelles et les motifs inconscients qui déterminent le comportement. Cette approche, centrée sur les contenus de la pensée et sur la dynamique des motivations plutôt que sur la nature de la connaissance elle-même, a eu un retentissement considérable sur le cours de la psychologie moderne.
La psychologie au XXe siècle
Aux États-Unis, jusqu’aux années 1960, les développements de la psychologie furent essentiellement déterminés par des considérations pratiques, les praticiens cherchant à appliquer la psychologie aux domaines de l’école et de l’entreprise et s’intéressant peu aux processus mentaux : ils limitaient l’objet d’étude de la psychologie au comportement manifeste, observable et vérifiable dans les relations intersubjectives. Le chef de file de ce mouvement, appelé béhaviorisme, était le psychologue John B. Watson.
La psychologie moderne reste à bien des égards héritière des champs de recherche et des types de spéculation dont elle est issue. Ainsi voit-on certains psychologues se consacrer avant tout à la recherche physiologique, tandis que d’autres privilégient l’aspect thérapeutique et que d’autres encore, moins nombreux, cherchent à développer une conception plus globale, plus philosophique de la psychologie. Si certains praticiens continuent à vouloir confiner la psychologie à l’étude du comportement — voire à nier tout simplement l’importance ou la réalité des processus psychiques — dans l’esprit du béhaviorisme, la plupart des psychologues considèrent aujourd’hui que la structure mentale constitue le véritable objet de la recherche psychologique.
Principaux domaines de la recherche
Le champ de la psychologie moderne est situé au carrefour des sciences biologiques et des sciences sociales.
Psychophysiologie
Discipline relevant des sciences expérimentales, intermédiaire entre la neurophysiologie et la psychologie, la psychophysiologie étudie les relations d’interdépendance entre les mécanismes psychiques et les fonctions du système nerveux.
La découverte d’un centre de la parole dans le système nerveux central par Paul Broca en 1861 fut à l’origine de l’essor de la psychophysiologie. Par la suite, le perfectionnement des techniques, notamment l’apparition de l’électro-encéphalographie, a permis des progrès spectaculaires dans l’étude scientifique du fonctionnement du cerveau (voir Neurophysiologie) et, plus généralement, des mécanismes physiologiques qui sous-tendent les fonctions psychologiques.
Parallèlement, la psychophysiologie élargit son champ d’investigation en y intégrant de plus en plus de phénomènes psychiques. Ainsi, il n’existe aujourd’hui qu’une frontière ténue entre la psychophysiologie et la psychologie. La production des hormones sexuelles, qui entraînent de nombreux changements dans la croissance et le développement du corps, ainsi que dans l’évolution psychique des individus, constitue l’un des nombreux objets d’études communs aux deux disciplines.
Conditionnement et apprentissage
Comment les organismes changent-ils en fonction de l’expérience, en d’autres termes, comment apprennent-ils? Cette question est au centre des recherches sur l’apprentissage, menées pour une grande part sur des animaux comme les souris, les rats, les pigeons et les chiens. On distingue généralement deux principaux types d’apprentissage : le conditionnement classique et l’apprentissage instrumental.
Le conditionnement classique se réfère aux expérimentations menées par le physiologiste russe Ivan Pavlov, qui lui ont permis de mettre en place un réflexe conditionné. Selon Pavlov, c’est du couplage d’un stimulus conditionné et d’un stimulus non conditionné que procède l’apprentissage.
Dans l’apprentissage instrumental ou conditionnement opérant, expérimenté par Burrhus F. Skinner, l’accent est mis sur le rôle de la récompense donnée à l’animal afin qu’il répète une action donnée dans une situation analogue à celle où il l’a apprise.
Ces deux voies de recherche sur le comportement animal concernent des aspects élémentaires de l’expérience d’apprentissage. Le conditionnement classique met en lumière l’importance du couplage des stimuli conditionnés et non conditionnés, alors que l’apprentissage instrumental révèle toute l’importance du couplage de la réaction et de la récompense. En d’autres termes, le premier s’interroge sur les catégories d’événements qui sont associés dans l’expérience d’apprentissage, tandis que le second s’intéresse aux conséquences des actions. La plupart des situations d’apprentissage impliquent des éléments propres à l’un et l’autre type de conditionnement.
Études cognitives
Les études sur l’apprentissage humain, plus complexes que les études sur l’animal, ne s’apparentent pas exclusivement au conditionnement classique ou à l’apprentissage instrumental. L’apprentissage et la mémoire chez l’Homme ont été étudiés surtout à partir de matériel verbal (listes de mots ou histoires) ou à partir de tâches nécessitant des capacités motrices (pratique de la dactylographie ou d’un instrument de musique). Ces recherches ont démontré qu’aux grands progrès enregistrés au début de l’apprentissage succède un rythme de plus en plus lent; cette courbe décroissante caractérise également l’oubli massif juste après l’apprentissage, et bien moindre par la suite.
Au cours des dernières décennies, la psychologie a délaissé le cadre étroit des études béhavioristes, pour accorder une place importante à la cognition. Cette nouvelle orientation a permis d’analyser notamment le rôle de l’attention, de la mémoire, de la perception, de la reconnaissance de motifs et de l’usage du langage (psycholinguistique) dans les processus d’apprentissage. Dépassant rapidement le cadre des recherches en laboratoire, cette approche fut adoptée par des praticiens à des fins thérapeutiques.
Les processus mentaux plus complexes comme la conceptualisation et la résolution de problèmes sont le plus souvent appréhendés par le biais des théories de l’information. Ainsi, on utilise des métaphores de la technologie informatique, on s’interroge sur la façon dont l’information est encodée, transformée, mémorisée, retrouvée et transmise par les humains. En fait, les chercheurs cognitivistes fondent leurs travaux sur une hypothèse fort contestée, selon laquelle le psychisme doit être considéré comme une machine de traitement de l’information, analogue à un ordinateur. Si les théories de l’information ont permis d’élaborer des modèles de pensée et de résolution de problèmes que l’on peut tester dans des situations limitées, elles ont aussi révélé que l’on peut difficilement dégager les modèles généraux de la pensée par ces seuls moyens.
Tests et mesures
Utilisés dans de nombreux domaines de la psychologie, les tests et les méthodes de mesure sont appliqués avant tout dans le milieu scolaire. L’instrument psychologique le mieux connu est le test d’intelligence à l’aide duquel les psychologues tentent de mesurer, depuis le début des années 1900, la capacité des élèves à réussir sur le plan scolaire. De tels tests se sont révélés utiles pour la sélection scolaire, pour la formation professionnelle et pour prévoir les chances de réussite dans les différentes branches de l’éducation. Des tests spéciaux ont été mis au point pour prédire les chances de réussite dans différentes professions et pour évaluer les connaissances des candidats dans diverses disciplines. Les tests psychologiques sont utilisés pour mesurer les aspects de la personnalité, les intérêts et les attitudes.
La principale difficulté que rencontrent les concepteurs de tests réside dans la définition d’une norme appelée à servir de référence lors de l’évaluation des réponses, car on note que les résultats des tests reflètent souvent davantage le milieu socioculturel du sujet interrogé que ses capacités réelles. Du fait de l’absence de consensus sur les normes à adopter, les tests d’intérêt professionnel sont également critiqués, car parmi les nombreux critères qui ont été proposés pour ces tests, rares sont ceux qui permettent de mesurer directement la personnalité des sujets.
Psychologie sociale
L’examen du comportement des individus dans leurs rapports avec les groupes sociaux et plus généralement avec la société constitue l’objet de la psychologie sociale. Un grand nombre de théories dans ce domaine peuvent être considérées globalement comme des théories de l’équilibre, pour autant qu’elles s’intéressent à la question de savoir comment l’individu parvient à équilibrer ou à concilier ses propres idées, son identité sociale ou ses représentations sociales avec les actions et les attitudes préconisées par une partie ou par l’ensemble de la société. Outre la socialisation de l’individu et l’intériorisation de la norme, la psychologie sociale tente d’analyser le comportement collectif de groupes humains, notamment l’émergence des leaders en leur sein.
Psychopathologie
La mieux connue des branches de la psychologie, la psychopathologie s’attache à décrire et à traiter des comportements psychologiques anormaux. La forte médicalisation de ce domaine a conduit à faire porter l’accent sur la dynamique (les causes et les conséquences) de tels comportements, plutôt que sur les aspects cognitifs des expériences anormales, lesquels constituent néanmoins un objet d’étude à part entière.
Les systèmes de classification des comportements anormaux sont multiples et évoluent avec l’extension des connaissances.
Les trois grands groupes de troubles mentaux sont les troubles psychotiques, ou psychoses, qui impliquent une perte de contact avec le réel (schizophrénie, psychose maniaco-dépressive et psychoses organiques), les troubles non psychotiques ou névroses qui généralement n’impliquent pas de rupture avec le réel mais rendent la vie pénible, malheureuse (comme les troubles d’anxiété, les phobies, les troubles obsessionnels-compulsifs, l’amnésie et la personnalité multiple), et les troubles de la personnalité qui affectent les personnalités antisociales («psychopathes» ou «sociopathes») ainsi que les individus présentant d’autres comportements excessifs ou déviants.
Applications de la psychologie
La grande diversité des domaines — de l’entreprise à l’école en passant par les cours de justice — où les psychologues donnent des consultations révèle l’étendue des champs d’application de la psychologie. Les trois plus importants secteurs de la psychologie appliquée sont la psychologie du travail, la psychologie de l’éducation et la psychologie clinique.
Psychologie du travail
Dans les milieux professionnels, les psychologues remplissent plusieurs fonctions. Au sein des départements des ressources humaines, ils contribuent à l’embauche du personnel au moyen de tests et d’entretiens, à la conception des cours de formation, à l’évaluation des employés et au développement de bonnes relations et de bonnes communications au sein de l’entreprise. Certains psychologues font de la recherche pour les services marketing et publicitaires. D’autres contribuent à la conception de machines et de postes de travail en cherchant à optimiser leurs caractéristiques ergonomiques.
Psychologie de l’éducation
Les psychologues de l’éducation s’occupent des processus d’éducation et d’apprentissage. Ainsi peuvent-ils, par exemple, concevoir de nouvelles méthodes d’enseignement de la lecture ou des mathématiques afin d’améliorer l’efficacité de l’enseignement dans les classes.
Psychologie clinique
Un grand nombre de psychologues travaillent dans les hôpitaux, les cliniques et des cabinets privés, aidant les patients par différentes thérapies, désignées sous le terme général de psychothérapies. S’appuyant sur des tests et des entretiens, les psychologues classent leurs patients et leur appliquent des traitements qui ne relèvent pas uniquement de la thérapeutique médicamenteuse ou de la chirurgie.
La thérapie comportementale, qui est fondée sur les principes de l’apprentissage et du conditionnement, constitue une branche à part de la psychologie clinique. Par la thérapie comportementale, les psychologues cherchent à modifier le comportement du patient et à faire disparaître des symptômes indésirables en concevant des expériences de conditionnement ou de récompenses appropriées au comportement désiré. Un patient ayant la phobie des chiens, par exemple, sera «désensibilisé» par une série de récompenses attribuées lors de contacts de plus en plus étroits avec des chiens dans des situations non menaçantes. Dans d’autres formes de thérapie, le psychologue peut essayer d’aider les patients à mieux comprendre leurs problèmes et à trouver de nouveaux moyens de les résoudre.
Tendances et développements
De nos jours, la psychologie est une discipline de plus en plus spécialisée et soumise à des influences issues de champs théoriques très divers. La psychologie de l’enfant a été considérablement influencée par les observations et les «expériences cliniques» de Jean Piaget. Les psychologues qui s’intéressent au langage et à la communication ont, quant à eux, été marqués par la révolution inaugurée par le linguiste américain Noam Chomsky dans la pensée linguistique. Les progrès réalisés dans le domaine du comportement animal et de la sociobiologie ont contribué à élargir sensiblement le champ et les techniques de recherche de la psychologie. Les travaux éthologiques de Konrad Lorenz et de Nikolaas Tinbergen, qui étudiaient les animaux dans leur habitat naturel et non en laboratoire, ont attiré l’attention sur l’unicité de l’espèce et de son développement comportemental.
Une autre mutation dans la psychologie moderne est due à l’avènement de l’informatique, qui a non seulement inauguré un nouveau mode d’appréhension des fonctions cognitives, mais a aussi livré les moyens de tester des théories complexes relatives à ces processus. Les ordinateurs sont des manipulateurs de symboles, c’est-à-dire des machines qui reçoivent une information sous forme symbolique, qu’elles transforment et utilisent en fonction des buts programmés. Les spécialistes de l’intelligence artificielle cherchent désormais à concevoir des programmes capables d’accomplir des tâches complexes nécessitant jugement et prise de décision. Pour cela, ils doivent d’abord comprendre comment l’Homme accomplit une tâche difficile avant de pouvoir la reproduire dans le système expert. Parallèlement, certains psychologues, qui utilisent l’ordinateur comme modèle, essaient de considérer les êtres humains comme des «processeurs d’information» et doivent s’attacher à formuler leurs théories de manière suffisamment précise et explicite pour être à même de les transcrire dans des programmes informatiques. Il résulte de cette mutation que les comportements complexes sont désormais étudiés avec des approches nouvelles et complémentaires, qui donnent lieu à des théories mieux étayées.
Narcissisme
Concept désignant le sentiment amoureux porté à sa propre image, en référence au mythe de Narcisse.
Le terme fut introduit dans le vocabulaire de la psychanalyse par Sigmund Freud en 1910, au sujet de l’homosexualité. Il désigne l’investissement de la libido sur le moi du sujet. Freud distingue le narcissisme primaire du narcissisme secondaire. Le narcissisme primaire est une composante nécessaire du développement prégénital des pulsions sexuelles chez l’enfant. Jacques Lacan l’identifie au «stade du miroir» où pour la première fois le petit enfant capte son image. Le narcissisme secondaire est, en revanche, une régression : la libido se désengage des objets du monde extérieur et se réinvestit sur le moi. Il est identifié dans le cas des psychoses, telles que la schizophrénie, comme un narcissisme pathologique.


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Névrose


Névrose
Terme désignant une pluralité de troubles psychologiques également appelés psychonévroses, que l'on attribuait à l'origine à des perturbations neuronales et dont on pense aujourd'hui qu'ils sont d'origine psychique ou émotionnelle. Les névroses sont caractérisées par l'anxiété, la tristesse et un comportement inadapté. Cependant, les troubles névrotiques ne sont généralement pas assez graves pour empêcher le patient de s'intégrer dans la vie sociale, contrairement à la psychose, qui nécessite habituellement une hospitalisation.
Chaque névrose est aujourd'hui classée selon ses symptômes propres. La classification proposée par de récents manuels de diagnostic et de statistique des troubles mentaux ne comprend plus la névrose, bien que les états antérieurement considérés comme relevant des névroses y soient décrits.
Troubles d'anxiété généralisés
On appelle «troubles d'anxiété généralisés» un état de malaise ou d'appréhension presque permanent et une réaction excessive à des stress légers qui n'affecteraient pas une personne équilibrée.
Trouble panique
Les accès de panique qui le caractérisent et qui se produisent également dans les troubles d'anxiété généralisés, sont des épisodes d'appréhension ou de peur aiguë accompagnée de symptômes physiques : palpitations, sudation excessive, oppression, tremblement musculaire, nausées et évanouissement. La personne en proie à une attaque de panique peut avoir l'impression qu'elle va mourir.
Phobies
Un individu qui réagit par une peur non raisonnée à un stimulus (un certain objet par exemple) ou à une situation qui n'est habituellement pas considérée comme particulièrement dangereuse est réputé avoir une phobie. En fait, pour qu'il y ait un diagnostic de phobie, il faut qu'elle soit assez grave pour perturber la vie quotidienne. L'intensité de la réaction au stimulus générateur de phobie va du malaise à la panique. Le sujet est souvent conscient de l'irrationalité de sa peur, tout en étant incapable de contrôler celle-ci.
Une phobie simple est une phobie portant sur une seule chose, par exemple les araignées. On peut avoir plusieurs phobies simples. Certaines phobies sont relatives à des situations sociales, comme la peur de bégayer en parlant à un étranger, même si cela ne se produit jamais en réalité. L'agoraphobie, ou peur des lieux publics (étymologiquement, «peur de se trouver sur la place du marché»), est probablement la phobie la plus handicapante, puisque dans sa forme extrême elle peut empêcher le sujet de quitter son domicile.
Trouble obsessionnel compulsif
Ce trouble désigne l'intrusion persistante de pensées que le sujet réprouve ou d'impulsions (obsessions) et de tendances impératives (compulsions) à accomplir certaines actions ou rituels qui réduisent l'anxiété. Ces deux caractéristiques sont presque toujours présentes dans le trouble obsessionnel compulsif. Par exemple, un sujet peut être obsédé par l'idée que sa maison va être cambriolée et sa famille attaquée, et vérifier sans cesse que portes et fenêtres sont fermées. Les compulsions les plus courantes consistent à vérifier et à laver, souvent plusieurs centaines de fois par jour.
Trouble d'angoisse de séparation
Ce type de trouble, qui apparaît dans l'enfance, consiste dans la peur irrationnelle d'être séparé d'un des parents. Souvent, les personnes qui sont agoraphobes dans la vie adulte ont souffert d'angoisse de séparation dans l'enfance.
Trouble de stress post-traumatique
Ce terme fut forgé au lendemain de la guerre du Viêtnam pour décrire les symptômes psychologiques présentés par les anciens combattants à leur retour. Les soldats de la Première Guerre mondiale étaient réputés «commotionnés», et ceux de la Seconde Guerre mondiale souffrir de troubles mentaux causés par la tension éprouvée dans les situations de guerre. Le trouble de stress post-traumatique peut cependant désigner des symptômes consécutifs à d'autres types de catastrophe, comme les accidents d'avion ou les catastrophes naturelles.
Les symptômes englobent la tendance à revivre indéfiniment la situation traumatique, des troubles du sommeil incluant cauchemars et insomnies, l'anxiété, un détachement par rapport au monde extérieur et un désintérêt pour les activités antérieures.
Personnalité multiple
Trouble extrêmement rare, dans lequel deux personnalités ou plus coexistent dans la même personne. Souvent, une personnalité n'a pas conscience des événements en cours quand l'autre personnalité domine, ce qui conduit à des périodes d'amnésie. Ce trouble fait suite à une enfance marquée par des traumatismes graves.
Traitement des névroses
La plupart des névroses sont traitées au moyen de la psychanalyse ou d'autres formes de psychothérapie. Elles peuvent également être traitées par la thérapie comportementale, par l'hypnose ou l'administration de psychotropes. Certaines névroses se laissent très bien traiter, leur effet perturbant pouvant être considérablement réduit.

Perception


Perception
Processus par lequel les stimulations sensorielles sont structurées en expérience utilisable. À un niveau de complexité relativement bas, la psychologie perceptuelle porte sur des questions comme la façon dont une grenouille distingue les mouches parmi les milliers d'autres objets de son environnement. Mais à un niveau de complexité plus élevé, la psychologie perceptuelle cherche à élucider comment le cerveau traduit des lumières clignotantes immobiles en une impression de mouvement ou comment un artiste réagit aux couleurs et aux formes et traduit celles-ci dans sa peinture.
Percepts
Les psychologues de la perception reconnaissent que la plupart des stimulations sensorielles brutes et non organisées qui proviennent de la vue, de l'ouïe et des autres sens sont presque instantanément et subconsciemment «corrigées» en percepts ou expérience utilisable. Par exemple, une voiture roulant au bord de la route est vue en entier, quelle que soit la taille de l'image véritablement produite sur la rétine des yeux de l'observateur. De même, un thème musical peut être repéré dans un labyrinthe de notes et rythmes particuliers, quel que soit le nombre de changements de ton opérés par le compositeur. La perception ne consiste pas simplement à organiser les stimuli sensoriels directs en percepts. Les percepts eux-mêmes, produits de l'expérience passée, s'organisent à leur tour, augmentant ainsi la précision et la vitesse de la perception de l'individu.
L'étude et la théorie des percepts dépassent le champ de la psychologie et peuvent avoir des applications pratiques dans la psychologie de l'apprentissage et dans la psychologie scolaire et clinique. «Sous-perceptualiser», ou omettre d'organiser les stimuli sensoriels, revient souvent à vivre dans un monde semblable au chaos. «Surconceptualiser», ou organiser à tel point les stimuli sensoriels que ceux qui ne conviennent pas à l'organisation sont isolés, ou encore à percevoir des stimuli qui n'existent pas, consiste à vivre dans un état de dépression ou d'hallucination.
En dépit du rôle fondamental que joue la perception dans la vie des hommes et des animaux, même les plus simples, ses mécanismes demeurent encore en grande partie obscurs, pour deux raisons principales : d'une part parce que les chercheurs n'ont pas entièrement réussi à décomposer la perception en unités analysables, et d'autre part parce qu'il est difficile d'obtenir ou de répéter des résultats empiriques et scientifiquement vérifiables, dans la mesure où l'étude de la perception est fondée sur le compte rendu subjectif et introspectif qu'en fait l'individu.
Théorie classique
Un des phénomènes sur lesquels se sont penchés les chercheurs est le principe de la constance perceptuelle. Dès qu'un objet a été perçu comme une entité identifiable, il tend à être considéré comme un objet ayant des caractéristiques permanentes, en dépit des changements d'éclairage, de position ou de distance à laquelle il apparaît. Ainsi, bien qu'un objet produise une image rétinienne beaucoup plus petite à 20 m qu'à 100 m, il sera perçu comme ayant une taille intrinsèque.
Selon la théorie de la perception classique formulée par le physiologiste et physicien allemand Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz au milieu du XIXe siècle, la constance, tout comme la perception de la profondeur et la plupart des autres percepts, résulte de l'aptitude individuelle à synthétiser continuellement l'expérience passée et les signaux sensoriels présents. L'animal qui vient de naître ou l'enfant nouveau-né qui explorent le monde apprennent très vite à organiser ce qu'ils voient selon un schéma tridimensionnel, suivant en cela les principes découverts par Léonard de Vinci : la perspective linéaire, l'obstruction d'un objet lointain par un objet proche et l'augmentation du flou au fur et à mesure que s'éloignent les objets.
À l'aide des signaux tactiles et auditifs, l'enfant apprend rapidement une foule d'associations spécifiques qui correspondent aux objets du monde physique. De telles associations ou percepts se produisent automatiquement et à une telle vitesse que même un adulte entraîné n'est pas en mesure de déchiffrer, même dans une faible mesure, les signaux visuels dont elles sont issues.
Les tenants de la théorie classique de la perception pensaient que la plupart des percepts sont dérivés de ce qu'ils appelaient l'«inférence inconsciente de sensations inaperçues». C'est seulement en face d'une illusion ou de signaux visuels qui prêtent à confusion (par exemple, des voitures et des maisons vues d'avion ont la taille de jouets) que l'on prend conscience de telles sensations et de l'organisation des percepts. Une grande part de la recherche expérimentale sur la perception consiste à tester des sujets avec du matériel illusoire afin d'essayer de dissocier les unités perceptuelles individuelles de l'ensemble du processus.
Gestaltisme
Devenue populaire au lendemain de la Première Guerre mondiale, le gestaltisme propose d'appréhender la perception non pas en analysant des unités isolées comme les différentes sensations, mais en considérant la totalité des formes (allemand «Gestalten») des processus mentaux. Dans cette optique, la véritable unité de perception est la forme, structure mentale qui tient ses attributs de la structure correspondante des processus cérébraux. Les expériences menées par les tenants de la Gestalttheorie ont montré que la perception de la forme ne dépend pas de la perception des éléments individuels qui la composent. Ainsi, la forme carrée peut-elle être perçue dans une figure faite de quatre lignes rouges ou de quatre points noirs. De même, l'esprit appréhende la musique non pas comme un composé de notes distinctes produites par divers instruments et voix mais d'après des lois d'organisation qui font que l'individu perçoit une unité organisée homogène du début à la fin.
En dépit des importantes contributions du gestaltisme dans le domaine des processus d'apprentissage et de création, les compte rendus introspectifs sur lesquels il se fondait étaient trop subjectifs pour avoir vraiment valeur de science. De plus, les «processus physiologiques innés» auxquels les gestaltistes attribuaient leurs lois d'organisation ont été très critiqués.
Recherche actuelle
Depuis le début des études sur la perception, les psychologues ont cherché à scinder le processus perceptif selon une ligne de partage inné-acquis. Les expériences montrant que des animaux ou des enfants en bas âge prenaient peur devant des «précipices optiques» étaient censées démontrer que la perception de la profondeur est innée. À travers d'autres expériences similaires, destinées à démontrer les capacités innées, les gestaltistes se sont efforcés de calculer les proportions innées et acquises du comportement perceptif.
Depuis une époque récente néanmoins, nombreux sont les psychologues à avoir pris conscience de l'absence de scientificité de cette approche dichotomique, de surcroît peu apte à faire évoluer la recherche sur la perception. S'inspirant davantage de la théorie classique, ils affirment que la capacité perceptive provient de l'aptitude de l'animal ou de l'homme à organiser la totalité de son expérience, donc à inclure les nombreuses expériences de la croissance physiologique qui précèdent ce qui est communément considéré comme l'expérience formelle d'apprentissage. En fait, c'est par de multiples expériences antérieures qu'animaux et humains apprennent en quelque sorte à apprendre.
Des chercheurs en psychologie expérimentale ont fait récemment une découverte qui offre quelque espoir d'élucider le mystère de la perception. Ils ont révélé que certaines cellules rétiniennes et nerveuses des amphibiens et des mammifères sont capables de reconnaître des formes et des mouvements spécifiques dans l'image rétinienne, et non pas seulement de réagir à une certaine quantité d'énergie lumineuse réfléchie par les objets. De telles cellules nerveuses et rétiniennes répondent à des formes particulières comme celles de disques ou d'anneaux, à des mouvements particuliers d'objets et à la stimulation simultanée de cellules situées au même endroit dans la rétine de chacun des yeux.

Personnalité


Personnalité
Ensemble de traits qui caractérisent la structure intellectuelle et affective d'un individu et qui se manifestent dans son comportement.
Les théories insistent sur différents aspects de la personnalité et interprètent différemment les aspects relatifs à son organisation, à son développement et à ses manifestations dans le comportement. Une des théories les plus influentes est la théorie psychanalytique de Sigmund Freud et d'autres praticiens de la psychanalyse. Freud a montré que les processus inconscients régissent une grande part du comportement. Une autre théorie de la personnalité influente émane du béhaviorisme. Cette conception, représentée par des penseurs comme le psychologue américain Burrhus Frederic Skinner, met avant tout l'accent sur l'apprentissage. Selon Skinner, le comportement est largement déterminé par ses conséquences : s'il est récompensé, il se reproduit, s'il est puni, la probabilité qu'il se réitère est moins grande.
Formation et développement
L'interaction de l'hérédité et de l'environnement est au fondement de la formation de la personnalité. Dès leur plus jeune âge, les enfants diffèrent considérablement les uns des autres, en raison de variables héréditaires ou de facteurs liés aux conditions de la grossesse et de la naissance. Ainsi certains enfants sont-ils plus attentifs ou plus actifs que d'autres. Certaines formes de psychopathologie sont également en partie héréditaires.
Tout comme l'influence héréditaire, les événements qui marquent le développement de l'enfant ont plus ou moins d'effet selon leur nature. Nombreux sont les psychologues qui considèrent qu'il existe des périodes critiques dans le développement de la personnalité. Ainsi, les progrès du langage sont très rapides pendant une période déterminée, tandis que le sentiment de culpabilité se développe particulièrement pendant une autre.
La plupart des spécialistes s'accordent sur l'importance cruciale de l'environnement familial sur le développement de la personnalité. La façon de satisfaire les besoins primaires de l'enfant en bas âge et le mode d'éducation ultérieur peuvent laisser des traces indélébiles sur la personnalité. On pense qu'un apprentissage de la propreté trop précoce ou trop sévère peut conduire à une personnalité rebelle, par exemple.
Certains spécialistes insistent sur le rôle des traditions sociales et culturelles dans le développement de la personnalité. Par sa description du comportement des membres de deux tribus de Nouvelle-Guinée, l'anthropologue Margaret Mead a mis en relief l'influence culturelle. Bien que d'origine ethnique semblable et vivant dans la même zone géographique, une des tribus était pacifique, accueillante et coopérative, tandis que l'autre était hostile, menaçante et affichait un esprit de compétition.
Les psychologues considéraient traditionnellement que la personnalité se compose de l'ensemble des traits de caractère de l'individu et qu'elle est d'une grande cohérence à travers le temps. Depuis une époque récente cependant, de nombreux psychologues soutiennent que les traits de caractère n'existent qu'aux yeux de l'intéressé et que la personnalité d'un individu varie en fonction des situations qu'il doit affronter.
Tests
L'entretien, qui est une méthode très usitée d'évaluation de la personnalité, est un moyen de faire parler le sujet de ses réactions. Si la plupart des entretiens ne sont pas directifs, certains ont recours à un questionnaire. L'enquêteur expérimenté prête attention à ce qui est dit tout en observant la corrélation entre les réponses et le comportement non verbal, comme l'expression du visage.
Les observations directes sont menées soit dans un cadre naturel, soit en laboratoire. Dans le premier cas, le spécialiste note les réactions du sujet aux situations quotidiennes, ses réponses typiques et son comportement. En laboratoire, le chercheur manipule expérimentalement les situations et observe le comportement du sujet dans ces conditions contrôlées. Le psychologue qui évalue la personnalité peut aussi s'appuyer sur les rapports de ceux qui ont observé le sujet dans le passé.
Les tests psychologiques de personnalité se répartissent en deux grands types, à savoir les inventaires de personnalité et les tests projectifs. Les inventaires de personnalité posent des questions sur les habitudes personnelles, les attitudes et les croyances de l'individu. On considère que dans le test projectif, les réponses du sujet à des situations ambiguës et non structurées reflètent sa vie intérieure. Le test de Rorschach, par exemple, est un test projectif dans lequel une série de taches d'encre sont présentées au sujet, qui est invité à dire ce qu'elles pourraient représenter. Ses réponses sont ensuite interprétées par le psychologue.
Troubles
Les troubles de la personnalité, qui durent toute la vie, désignent des traits de caractère si inflexibles et si inadaptés qu'ils portent atteinte à la vie sociale et professionnelle de l'individu et affectent considérablement son entourage. On distingue de nombreux types de troubles de la personnalité. La personnalité paranoïaque, par exemple, est excessivement méfiante et soupçonneuse. Les personnalités histrioniques affichent un comportement et une expression exagérément théâtrales. Les individus ayant une personnalité narcissique ont tendance à être suffisants et à vouloir être en permanence au cœur de l'attention et de l'admiration. Ceux qui ont une personnalité antisociale enfreignent fréquemment les droits des autres et omettent de respecter les normes sociales.

Phobie

Phobie
Peur intense et persistante d'un objet, d'une situation ou d'une activité spécifiques. Les personnes véritablement phobiques ne peuvent pas mener une vie normale, bien qu'elles soient conscientes de l'irrationnalité de l'anxiété dont elles souffrent.
L'anxiété phobique se distingue des autres formes d'anxiété par le fait qu'elle est liée à certains objets ou situations. Cette anxiété se caractérise par des symptômes physiologiques comme des palpitations, des maux d'estomac, des nausées, la diarrhée, le besoin d'uriner fréquemment, le rougissement, la sudation, les tremblements et l'évanouissement. Certaines personnes souffrant de phobies sont capables d'affronter leur peur. Mais plus généralement, elles cherchent à éviter les situations ou les objets générateurs de phobie, cet évitement entravant souvent leur liberté.
Les psychiatres répertorient trois grands types de phobies. Les phobies simples sont des peurs relatives à des objets ou situations spécifiques, comme les araignées ou les serpents, les espaces clos et les hauteurs. Le second type est l'agoraphobie, la peur des espaces libres publics et des situations dont il est difficile de sortir (comme les transports en commun ou les centres commerciaux surpeuplés). Les agoraphobes tendent à éviter de plus en plus de situations jusqu'à se retrouver confinés à leur domicile. Les phobies sociales, qui constituent le troisième type, sont la peur de paraître stupide et d'avoir honte en société.
Les phobies simples, en particulier la peur de certains animaux, peuvent commencer durant l'enfance et persister à l'âge adulte. L'agoraphobie commence de façon caractéristique à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte, et la phobie sociale est elle aussi associée à l'adolescence.
L'agoraphobie, qui fait plus souvent l'objet de traitement que les autres types de phobie, est considérée comme moins courante que les phobies simples. Dans l'ensemble, les phobies toucheraient 5 à 10 personnes sur 100. L'agoraphobie et les phobies simples sont diagnostiquées plus souvent chez les femmes que chez les hommes. La répartition des phobies sociales n'est pas connue. Agoraphobies, phobies sociales et phobies animales tendent à se perpétuer dans les familles.
Les thérapies comportementales parviennent à traiter les phobies, particulièrement les phobies simples et sociales. La technique de désensibilisation systématique vise à permettre au sujet phobique d'affronter des situations ou des objets de plus en plus semblables à ceux qu'il redoute. La thérapie par immersion, autre méthode comportementale, s'est récemment avérée plus efficace. Dans cette technique, les phobiques sont exposés à maintes reprises à la situation ou à l'objet phobogène afin de constater leur innocuité. La peur s'estompe alors progressivement. Des anxiolytiques sont également utilisés comme palliatifs. Les médicaments destinés à traiter la dépression se sont avérés efficaces dans le traitement de certaines phobies.

Piaget, Jean

Piaget, Jean
(1896-1980), psychologue suisse, célèbre pour ses travaux novateurs sur le développement de l'intelligence chez les enfants. Il se consacra essentiellement à la psychologie du développement (appelée aussi «psychologie génétique»), à la psychologie de l'enfant et à la théorie de la connaissance. Ses études ont eu un impact majeur dans les domaines de la psychologie des enfants et de l'éducation.
Né à Neuchâtel, Piaget fit ses études à l'université de cette ville, où il obtint son doctorat en biologie à vingt-deux ans. Muni d'une solide culture interdisciplinaire (notamment en logique, en philosophie et en épistémologie), il s'intéressa à la psychologie. Il poursuivit en 1919 sa formation à la Sorbonne et commença à étudier le développement des capacités cognitives. En 1956, il créa à Genève le Centre international d'épistémologie génétique, qui regroupait des chercheurs issus des sciences exactes (mathématiques, physique) et des sciences humaines (psychologie, linguistique).
Piaget est connu surtout pour avoir décrit des «stades de développement» qui caractérisent le processus menant à la pensée conceptualisée. La classification générale, dans sa version initiale, définit trois stades. Au stade sensorimoteur, de la naissance à deux ans, le nourrisson acquiert son contrôle moteur et la connaissance des objets physiques. Au stade opérationnel concret, de sept à douze ans, l'enfant commence à aborder des concepts abstraits comme les nombres et les relations. Enfin, au stade opérationnel formel, de douze à quinze ans, il accède au raisonnement logique et systématique. Les avancées récentes de la psychologie cognitive, qui remettent en cause ce «constructivisme» de Piaget, ne retirent rien de l'envergure de son œuvre.
Parmi les nombreux ouvrages de Piaget figurent le Langage et la pensée chez l'enfant (1923), la Naissance de l'intelligence chez l'enfant (1936), la Psychologie de l'enfant (1964), et Psychologie et Pédagogie (1970).

Psychanalyse


Psychanalyse
Méthode thérapeutique et étude théorique des processus psychiques inconscients. La psychanalyse représente l’une des théories les plus influentes de la pensée moderne, dont la méthode est appliquée dans de nombreux domaines.
Théorie de la psychanalyse
La théorie de la psychanalyse et une grande partie de la technique psychanalytique ont été développées par Sigmund Freud. Son œuvre, alimentée par sa pratique de la psychothérapie et proposant une interprétation de la structure et du fonctionnement psychiques, a connu un immense retentissement, tant scientifique que pratique.

L’inconscient
La première innovation de Freud a été l’identification de processus psychiques inconscients. Alors que les lois de la logique sont indispensables à la pensée consciente, les productions mentales inconscientes échappent à ces lois. L’inconscient peut modifier ou détacher de leur contexte les pensées et les sentiments connexes; deux idées ou deux images différentes peuvent y fusionner en une seule; les pensées peuvent y revêtir la forme d’images vivantes et traumatiques se substituant aux concepts abstraits; certains objets enfin s’y trouvent représentés par les images d’autres objets reliés aux premiers par une ressemblance parfois lointaine. Suivre en diaporamas 131 132 133 134 135 136 137 138 *
La découverte de modes de fonctionnement spécifiques de l’inconscient permit de comprendre des phénomènes psychiques jusqu’alors inexpliqués, comme le rêve. L’analyse de ces processus conduisit Freud à considérer que les rêves protègent le moi contre les pulsions dérangeantes par leur déplacement sur d’autres sujets substitutifs. Les pulsions et les pensées inacceptables — le contenu latent du rêve — sont ainsi transformées en un contenu manifeste, en un événement conscient qu’il est possible de décoder. Connaissant ces processus inconscients, l’analyste peut renverser ce que l’on appelle le travail du rêve, c’est-à-dire la transformation du contenu latent en contenu manifeste, et interpréter le rêve à de
appréhender ce dont il est le symptôme.

Les pulsions
Selon l’un des axiomes de la théorie freudienne, les conflits inconscients mettent en jeu les pulsions et les traumatismes refoulés provenant de l’enfance. Lorsque le patient identifie ces conflits inconscients durant l’analyse, il peut trouver des solutions qui lui étaient inaccessibles lorsqu’il était enfant. La description du rôle des pulsions constitue un grand apport de la théorie freudienne.
Dans le cadre de la doctrine freudienne, la sexualité adulte constitue l’aboutissement d’un processus complexe de développement commencé dès l’enfance; ce processus met en jeu différentes fonctions et zones corporelles (zones orale, anale et génitale) qui correspondent à des stades de l’évolution de la relation avec les adultes, et d’abord avec les parents.
Chaque stade du développement établi par Freud représente un type de zones de plaisir (ou zones érogènes). Dans le premier, le stade oral, l’activité sexuelle n’est pas séparée de la fonction de nutrition (succion du sein); le deuxième, dit sadique anal, se caractérise par la rétention-expulsion des matières fécales; le troisième, le stade phallique, précède la phase de latence, elle-même suivie à la puberté par le stade génital. Dans le stade phallique, les deux sexes se réfèrent à l’organe génital masculin.
Le complexe d’Œdipe, qui apparaît dans le stade phallique, correspond à l’ensemble des investissements affectifs que l’enfant porte aux deux parents. Cette période, dite œdipienne, est d’une importance fondamentale. L’enfant atteint en effet entre quatre et six ans un stade de développement qui lui permet pour la première fois d’éprouver un attachement émotionnel de type amoureux pour le parent de sexe opposé; il réagit simultanément comme le rival de son parent du même sexe. L’immaturité physique et la pression sociale de l’image parentale (le triangle père-mère-enfant) condamnent l’enfant à refouler ses désirs dans le non-dit, le non-fait, c’est-à-dire l’inconscient, et transforment son premier pas vers l’âge adulte en un échec. Ce refoulement inexpliqué par l’enfant provoque chez lui la peur de ses
Ce refoulement inexpliqué par l’enfant provoque chez lui la peur de ses *fantasmes. La solution que l’enfant invente face à cette crise émotionnelle et le niveau de persistance de ses attachements, de ses frayeurs et de ses fantasmes détermineront l’essentiel de sa vie affective adulte, en particulier ses choix d’objets amoureux.
Le ça, le moi et le surmoi
Pour clarifier les découvertes complexes de l’exploration psychanalytique, Freud a élaboré deux modèles successifs de l’appareil psychique. À partir de 1920, le modèle freudien définitif comporte trois instances : le ça, le moi ou ego et le surmoi.

La première instance, le ça, représente les tendances sexuelles et agressives. Freud appelait ces tendances «pulsions» (Triebe), et non pas «instincts», pour indiquer leur caractère inné. Ces pulsions intrinsèques réclament une satisfaction immédiate; le ça est ainsi dominé par le principe de plaisir. Les derniers ouvrages de Freud reflètent une évolution de ces pulsions et montrent le lien entre le biologique et le psychique.
La deuxième instance est le moi, qui est appelé à apporter les moyens de la satisfaction; il est le domaine des fonctions de la pensée, de la perception et du contrôle moteur, aptes à évaluer précisément les conditions de l’environnement. Le moi doit remplir sa fonction d’adaptation, ou test de la réalité, qui peut l’obliger à différer la satisfaction des pulsions instinctives émises par le ça. Le moi développe ainsi des mécanismes de défense afin de résister aux pulsions socialement inacceptables. Ces mécanismes comportent l’exclusion des pulsions* du champ de la conscience, la projection (processus d’attribution à autrui de ses propres désirs ignorés) et la réaction (mise en place d’un modèle comportemental directement opposé aux besoins inconscients pressants). Ces mécanismes de défense sont déclenchés lorsqu’une situation anxiogène brutale, traduite parfois par une bouffée d’angoisse, rappelle l’existence des pulsions inacceptables.
Une pulsion du ça peut devenir inacceptable si la réalité empêche sa satisfaction; elle est plus souvent repoussée à cause des interdits que les autres. — en particulier les parents — imposent à l’individu. L’ensemble de ces demandes et de ces interdits constitue la majeure partie de la troisième instance, à savoir le surmoi; celui-ci détient une fonction de contrôle du moi dans le cadre des normes intériorisées qui sont imposées par la figure parentale. Si les injonctions du surmoi sont ignorées, l’individu peut se sentir honteux ou coupable.
Selon la théorie freudienne, la formation du surmoi coïncide avec la résolution du conflit œdipien. Cette origine le rapproche d’une pulsion : il est en partie inconscient et peut générer des sentiments de culpabilité qu’aucune transgression consciente ne justifie. Il peut arriver que le moi ne soit pas assez fort pour concilier les demandes du ça, du surmoi et du monde extérieur. Si le moi est bloqué dans ses conflits précédents, appelés fixations ou complexes, ou s’il revient à des satisfactions antérieures et à des modes anciens de fonctionnement, ces situations constituent une régression. Il redevient plus sensible aux pressions qui s’exercent sur lui. S’il ne peut plus fonctionner normalement, il ne maintiendra son intégrité et sa fonction de contrôle qu’en développant des symptômes névrotiques exprimant ces tensions.

La méthode psychanalytique

La psychanalyse pose comme principe que le symptôme est le substitut d’un processus refoulé. L’objectif du psychanalyste est de remonter le cours de ce processus pour mettre au jour chez le patient un ou plusieurs événements signalés par le symptôme. Le patient (ou analysant) est donc invité à dire tout ce qui lui traverse l’esprit, sans jugement et en toute spontanéité, sans omettre les pensées honteuses ou pénibles. La méthode se heurte à deux problèmes : plus ou moins rapidement, l’analysant n’est plus en mesure de livrer de telles pensées (problème de la résistance); l’analysant développe sur l’analyse elle-même ou sur le psychanalyste un transfert de sentiments d’amour-haine. La résistance se lie au transfert et en devient l’expression. La démarche de l’analyse débute réellement avec la mise en évidence de la répétition des conduites de l’analysant qui se produit à son insu : cette étape permet de franchir l’obstacle du transfert et de comprendre comment fonctionne la répétition, notamment dans les conduites d’échec, où l’analysant éprouve l’impression d’être le jouet d’un destin pervers. L’interprétation conduit au dénouement de la névrose.
Trois règles doivent être observées. Premièrement, le psychanalyste ne doit jamais intervenir; deuxièmement, l’analysant doit livrer tout ce qui a trait, même à son insu, au symptôme; troisièmement, l’analyste doit reconnaître la validité du transfert et refuser les analyses où il ne peut assurer ce transfert, de par lui-même ou de par son histoire personnelle.
Écoles de psychanalyse
Différentes écoles de psychanalyse ont divergé de la théorie freudienne et ont généré de nouvelles appellations doctrinales. Elles se sont constituées contre la volonté de Freud, qui a tenu à contrôler le groupe qui s’était formé autour de lui à partir de 1902, auquel appartenaient Alfred Adler, Sandor Ferenczi, Otto Rank, Eugen Bleuler et Carl Gustav Jung.
En 1910, lors du congrès de psychanalyse de Nuremberg, fut fondée l’International Psychoanalytical Association (IPA). Les débats sur le rôle de la sexualité entraînèrent l’exclusion d’Adler en 1911 et celle de Jung en 1913, par Freud lui-même. Rank et Ferenczi furent également exclus en 1929. Le mouvement psychanalytique connut une extension rapide, d’abord aux États-Unis, où la psychanalyse devint une sorte de psychologie adaptative. Dans les pays de l’Europe de l’Est, elle fut interdite par les régimes communistes, mais connaît depuis leur chute une renaissance notable. En Grande-Bretagne, elle connut une audience considérable, avec Melanie Klein, qui s’opposa à Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, sur la psychanalyse des enfants, et avec Donald W. Winnicott, qui s’intéressa aux capacités d’illusion du tout jeune enfant et à l’agressivité.
Les ouvrages de Freud ne furent traduits en France qu’à partir de 1923, et la Société psychanalytique de Paris, fondée en 1926, fut aussitôt reconnue par l’IPA. Jacques Lacan y adhéra en 1934. Mais à partir de 1953 apparut la première scission au sujet de l’Institut de psychanalyse, fondé par Sacha Nacht et Serge Lebovici auxquels s’opposa Lacan. C’est autour de ce dernier que se multiplièrent les groupes, qui se réclament aujourd’hui tous de Freud.
Carl Gustav Jung
Carl Gustav Jung fut l’un des premiers élèves de Freud; il créa l’école de psychologie analytique. Comme Freud, Jung eut recourt au concept de libido; sa définition dépasse les seules pulsions sexuelles pour s’étendre à l’ensemble des instincts et des pulsions de création, et à l’ensemble des motivations du comportement. En cela, il s’est écarté du mouvement psychanalytique.
Alfred Adler
Alfred Adler fut un autre élève de Freud; il se distingua de Freud et de Jung en faisant du sentiment d’infériorité la principale motivation de l’existence humaine. Là encore, par le refus du rôle central de la sexualité, Adler s’est exclu du mouvement psychanalytique.
Otto Rank
Otto Rank développa une nouvelle théorie de la névrose, imputant tous les troubles névrotiques au traumatisme originel de la naissance, ce qui entraîna son exclusion de l’IPA. Il décrivit le développement de l’individu comme une évolution depuis la dépendance complète à l’égard de la mère et de la famille jusqu’à une indépendance physique associée à une dépendance intellectuelle vis-à-vis de la société, pour aboutir à une totale émancipation intellectuelle et psychologique.
Autres écoles psychanalytiques

Parmi les apports ultérieurs à la théorie psychanalytique, il faut noter ceux des psychanalystes Erich Fromm, Karen Horney et Harry Stack Sullivan. La théorie de Fromm souligne en particulier que la société et l’individu ne sont pas des forces distinctes et antagonistes : l’environnement historique conditionne la nature de la société, qui induit à son tour les besoins et les désirs de l’individu. Fromm estimait que la psychanalyse ne doit pas chercher à résoudre les conflits entre les instincts immuables de l’individu et les impératifs sociaux, mais à aider l’individu à atteindre l’harmonie et la compréhension des relations sociales.
Karen Horney a centré ses travaux sur la nature et la thérapie des névroses qu’elle a classées en névroses de situation et névroses de caractère. Les névroses de situation proviennent de l’angoisse associée à un conflit, par exemple un choix difficile. Elles peuvent conduire à une immobilisation temporaire interdisant toute réflexion ou action efficace, mais ne sont pas profondément ancrées. Les névroses de caractère sont quant à elles caractérisées par une angoisse et une hostilité foncières provenant d’un manque d’affection et d’amour durant l’enfance.
Enfin, pour Sullivan, l’ensemble du développement peut être décrit en termes de relation à autrui. Les différents types de caractères et les symptômes névrotiques proviendraient ainsi de la lutte contre l’angoisse des relations interpersonnelles et agiraient comme un système de sécurité destiné à apaiser cette angoisse.
Melanie Klein
L’école anglaise constitue une autre grande école de pensée; elle s’appuie sur les travaux de la psychanalyste britannique Melanie Klein. Cette école est très influente en Europe et en Amérique du Sud; ses principaux apports proviennent d’observations réalisées lors de psychanalyses d’enfants.
Melanie Klein a établi l’existence de fantasmes inconscients et complexes chez l’enfant de moins de six ans. En menaçant l’existence, l’instinct de mort est la première source d’angoisse chez l’enfant. Le traitement inconscient des représentations concrètes des forces destructrices conduisit Melanie Klein à distinguer deux profils psychologiques de base : la «position dépressive» et la «position paranoïde». Dans la position paranoïde, le moi se défend en projetant la représentation interne menaçante sur une représentation externe, qui peut alors être traitée comme une menace réelle provenant du monde extérieur. Dans la position dépressive, les fantasmes traitent la menace comme partie intégrante de l’individu, ce qui peut aboutir à des symptômes de dépression et d’hypocondrie. Même si certains ont pu douter de la réalité de ces fantasmes enfantins, ces observations ont été d’une importance capitale dans l’étude des hallucinations paranoïdes.
Jacques Lacan
L’apport de Jacques Lacan réside dans l’élargissement et l’approfondissement des champs d’application de la psychanalyse. Le psychanalyste français s’intéressa à l’anthropologie et à la linguistique qui lui inspira des formules restées célèbres : «L’inconscient est structuré comme un langage» ou «L’inconscient est le discours de l’autre.» Il a isolé trois registres, le réel, le symbolique et l’imaginaire, et approfondi la notion de désir en tant que «désir de l’Autre». La catégorie de l’Autre est en effet essentielle, car elle désigne ce qui, dans le discours de chaque être humain, est susceptible d’être rempli par ce qu’il ne veut pas reconnaître. L’œuvre de Lacan, transmise surtout oralement (et publiée dans les quelque vingt volumes de son Séminaire), a suscité un grand intérêt notamment en France et en Amérique latine.
Psychanalyse, art et littérature
Le schéma conceptuel élaboré par la psychanalyse à des fins thérapeutiques est à l’origine de nouvelles méthodes appliquées à l’analyse des œuvres d’art et des créations littéraires.
Les travaux de Freud
Le fondateur de la psychanalyse affirma lui-même que les artistes se servent de leurs œuvres pour projeter dans le monde extérieur des fantasmes inassouvis.
Dans la correspondance qu’il entretint dans les années 1897-1898 avec le médecin et biologiste Wilhelm Fliess (1858-1928), Freud admit la supériorité de la connaissance apportée par l’art sur celle produite par le raisonnement et l’expérience scientifique. Un de ses ouvrages majeurs, l’Interprétation des rêves (1900), définit le poète, et plus généralement l’artiste, comme un «instrument de transformation du rêve». Convaincu que les œuvres d’art fournissent l’accès le plus direct au monde onirique des autres, notamment des hommes du passé, Freud consacra plusieurs études à des artistes, notamment dans Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci (1910) ou dans l’analyse d’un souvenir de Goethe (1917), et à leurs œuvres, par exemple dans l’étude du Moïse de Michelange (1914) ou dans la mise en évidence de l’Inquiétante étrangeté (1919) des récits fantastiques d’Edgar Poe, pour la traduction allemande, desquels Freud écrivit une préface (1933).
Cependant, à partir de l’étude détaillée qu’il donna sous le titre Délire et Rêves dans la «Gradiva» de Jensen (1907), Freud cessa de considérer l’art comme une forme de connaissance à part entière. Il tenta d’établir, dans le Poète et l’imagination (1908), le lien entre les mythes et les «désirs communs» de l’humanité, et soutint que les artistes, pour produire, restaient dans l’ignorance des mécanismes qui les motivaient, de telle sorte que leurs œuvres devaient être considérées, au même titre que des actes manqués ou toute autre manifestation de l’inconscient, comme un objet d’interprétation, et non comme une révélation. Les Remarques sur les deux principes du fonctionnement psychique (1911) attribuent la vocation artistique à un refus des contraintes de la réalité, doublé d’un désir narcissique de reconnaissance sociale. Ainsi, rejoignant l’antique méfiance de Platon envers les artistes, Freud leur donna, dans son Introduction à la psychanalyse (1916-1917), le statut ambigu de ces illusionnistes qui parviennent à se faire payer en valeurs réelles les mirages de leurs désirs.
Les recherches ultérieures
Le mouvement psychanalytique a conservé, par rapport à l’art, l’ambivalence du jugement de son fondateur. Pour tous ceux qui se sont spécialisés dans l’interprétation de l’inconscient, l’art et la littérature occupent la position de l’origine, autrement dit la place du père, qui est d’abord admiré et qui doit être ensuite tué car il présente un obstacle au développement. Jung se laissa le plus souvent guider par la signification des œuvres anciennes et conserva donc une certaine confiance dans la valeur de vérité de l’inspiration. À l’inverse, la plupart des analystes freudiens considéraient, à l’instar de Melanie Klein, l’impulsion créatrice comme une tentative du surmoi pour se déculpabiliser en réparant les blessures narcissiques subies durant la période archaïque de la formation du psychisme.
La tentative la plus significative visant à explorer la psychanalyse pour la compréhension de l’art est l’œuvre du médecin allemand Georg Groddeck (1866-1934), qui montra, dans l’Être humain comme symbole (1933), que, dans sa vie ordinaire comme dans les moments les plus exceptionnels, l’homme n’a jamais affaire à des objets, mais à des symboles. Examinant la dimension ésotérique des œuvres, Groddeck tenta de démontrer dans l’analyse de peintures et de sculptures que celles-ci portent la marque de l’esprit humain, car tout ce qui est représenté dans la création artistique peut se ramener à une combinaison de signes ambivalents, tels que masculin-féminin, vierge-mère, vivant-mort, proche-lointain. Selon Groddeck, rien n’échappe aux mailles du symbolique.
Psychanalyse et littérature se retrouvent également dans l’œuvre de Gaston Bachelard, notamment dans la Psychanalyse du feu (1938) et dans les autres essais sur les éléments. Ces écrits poétiques et philosophiques ne relèvent cependant pas, à proprement parler, de la psychanalyse, dont ils reprennent certaines conceptions.

Psychopédagogie


Psychopédagogie
ensemble des méthodes utilisées par des spécialistes de l'éducation pour l'apprentissage et pour l'enseignement. Outre les comportements des enseignants et des élèves, les psychopédagogues étudient des populations particulières, comme les immigrants. Le champ de la psychopédagogie a des points communs avec d'autres disciplines de la psychologie, comme le développement de l'enfant et de l'adolescent ou la psychologie sociale.
Développement de la discipline
Les premières études sur l'apprentissage utilisèrent des méthodes plus philosophiques que scientifiques; il fallut attendre 1879 pour que le psychologue allemand Wilhelm Wundt crée à Leipzig le premier laboratoire de psychologie. Hermann Ebbinghaus, autre psychologue allemand, développa à la même époque des techniques d'étude expérimentale de la mémoire et de l'oubli.
À la même époque, le psychologue américain William James ouvrit un laboratoire de psychologie expérimentale à l'université Harvard. James s'intéressa à l'influence de l'environnement sur les comportements puis aux problèmes de l'apprentissage. Il publia en 1899 Talks to Teachers (Causeries aux enseignants), ouvrage dans lequel il analysait les relations entre la psychologie et l'enseignement.
On considère généralement qu'Edward Lee Thorndike fut l'un des premiers véritables psychopédagogues. Dans son livre Psychopédagogie (1903), ce disciple de James présentait des résultats de ses recherches expérimentales. Il parvint à énoncer les premières lois fiables de l'apprentissage.
Ce domaine de la psychopédagogie s'épanouit ensuite au début du XXe siècle, puis connut un certain déclin, avant de connaître un nouvel essor lors de la Seconde Guerre mondiale. Les psychologues de l'armée durent résoudre alors des problèmes concrets de pédagogie. Ils apprirent par exemple à détecter qui ferait un bon pilote ou un bon radio. À la fin de la guerre, une grande partie de ces psychologues se tourna vers l'étude des tests et de l'enseignement en milieu scolaire. Simultanément, l'arrivée massive d'enfants à l'école conduisit les psychopédagogues à élaborer et à valider des outils pédagogiques, des programmes de formation et des tests.
En France, la recherche fut d'abord liée à la mise en place de l'enseignement laïc à la fin du XIXe siècle. Par la suite, elle fut marquée par ce qu'on a appelé la science de l'éducation ainsi que par la «pédagogie active» ou l'«école nouvelle» de Célestin Freinet, qui ont vu le jour entre 1920 et 1940, mais dont les pratiques ont été vulgarisées surtout après la Seconde Guerre mondiale.
Les théories de la psychopédagogie
Les psychologues américains proposent des théories partielles sur les phénomènes de l'apprentissage, de la motivation, du développement, de l'enseignement et de la pédagogie.
Théorie de l'apprentissage
Les psychopédagogues recourent à plusieurs théories de l'apprentissage pour comprendre, prévoir et contrôler les comportements humains. Ils disposent de modèles mathématiques de l'apprentissage permettant de prévoir la probabilité qu'un individu fournisse une réponse correcte à une question; ces théories ont permis la mise au point de l'enseignement assisté par ordinateur pour l'apprentissage de la lecture, des mathématiques ou de langues étrangères. Thorndike et Skinner ont élaboré la théorie du conditionnement opératoire pour améliorer les performances scolaires en expliquant comment un système de récompenses conditionne et fixe un comportement. Il demeure cependant, notamment en France, le problème d'application des théories psychopédagogiques, en raison des conditions sociales de certaines catégories d'élèves, en particulier de ceux qui vivent dans les banlieues des grandes villes.
Motivation
Dans les situations scolaires normales, où la population est homogène socialement, on a pu proposer et vérifier certaines théories. Ainsi, la théorie de l'attribution définit le rôle de la motivation dans les situations de réussite ou d'échec scolaire. Cette théorie propose des tests permettant de déterminer si les apprenants attribuent leur succès à la chance ou à leur travail.
Développement
Le psychologue suisse Jean Piaget a élaboré une théorie selon laquelle l'intelligence de l'enfant se construit par étapes successives; il établit que l'interaction des enfants avec leur environnement permet d'étayer solidement leurs outils intellectuels par une bonne adaptation aux rythmes du développement psychoaffectif. Cette approche a influencé l'ensemble de la pédagogie et de la psychologie.
Tendances actuelles
Les chercheurs en psychopédagogie s'orientent actuellement vers l'étude du traitement de l'information; ils analysent les techniques d'acquisition de l'information, son interprétation et son encodage, son classement et sa restitution. Des découvertes récentes sur les processus cognitifs ont amélioré la compréhension des mécanismes de la mémoire, de la créativité et de la résolution de problèmes. Par ailleurs, chaque nouvelle théorie d'évaluation des capacités et des aptitudes conduit les psychopédagogues à développer de nouveaux tests. Les chercheurs ont également étudié l'impact pédagogique d'avancées technologiques telles que la micro-informatique. En France, les matériels de formation des maîtres font l'objet de bases de données que l'Éducation nationale met à la disposition des enseignants grâce au Centre national de documentation pédagogique (CNDP).

Psychosociologie


Psychosociologie
Branche de la psychologie centrée sur l'étude scientifique du comportement des individus comme êtres faisant partie d'un groupe, d'une société.
Les psychosociologues ont décrit un très grand nombre d'objets qui paraissent relativement hétéroclites, comme la communication dans les groupes restreints, les enquêtes d'opinion, les processus de commandement et de leadership. Il en résulte que la discipline paraît aujourd'hui quelque peu floue quant à ses méthodes, son histoire et son objet. La richesse et l'ambiguïté de cette situation contribuent à amplifier l'intérêt qu'elle présente aujourd'hui pour diverses disciplines voisines.
Genèse de la théorie
La psychologie sociale remonte aux premières investigations sur les rapports de l'homme à la société. Plusieurs problèmes de la psychologie sociale contemporaine avaient déjà été posés et traités par les philosophes, bien avant que la psychologie ait été séparée du tronc commun de la philosophie. Certaines questions avaient ainsi été formulées par Aristote, dont l'adage «L'homme est un animal politique» (c'est-à-dire destiné à vivre dans la cité) exerça une influence décisive sur la postérité, ainsi que par d'autres philosophes, comme l'Italien Machiavel ou l'Anglais Thomas Hobbes («l'homme est un loup pour l'homme»), qui ont alimenté la psychologie sociale contemporaine.
La psychologie sociale contemporaine est née avec le philosophe américain George Herbert Mead (1863-1931). Celui-ci considérait que notre conscience est constituée par l'action sociale, la communication et l'intériorisation des rôles que jouent les hommes en société. En fait, Mead était influencé par le béhaviorisme du psychologue John Broadus Watson (1878-1958), qui connaissait aux États-Unis un succès foudroyant. La psychologie sociale a pris une forme moins philosophique et plus scientifique avec la parution d'un important manuel intitulé Psychologie sociale (1924) par le psychologue américain Floyd H. Allport, qui a eu une influence décisive sur le développement de la psychologie sociale en tant que spécialité de la psychologie générale. Allport s'est servi des principes de l'apprentissage par association pour rendre compte de nombreux comportements sociaux et des phénomènes tels que les mécanismes de la transmission culturelle.
Premières expériences
La recherche empirique fit ses débuts dans les années 1930. Elle portait d'abord sur des domaines comme le comportement animal social, la résolution de problèmes en groupe, les attitudes et la persuasion, les stéréotypes nationaux et ethniques, la propagation des rumeurs et le leadership. Le psychologue américain Kurt Lewin a démontré qu'il est nécessaire de faire précéder la recherche d'une analyse théorique, le but de la recherche étant d'élucider les mécanismes qui sous-tendent le comportement étudié. Proposant une explication d'un comportement donné, la théorie permet au chercheur de prédire les conditions dans lesquelles le comportement se produira ou ne se produira pas. Le chercheur programme alors des expériences dont on fait varier méthodiquement les conditions, de sorte qu'il ne reste qu'à observer et à mesurer le comportement qu'elles suscitent. Les résultats permettent ensuite en principe de réviser et de généraliser la théorie. Le pas vers une conception scientifique de la psychologie sociale était ainsi franchi.
En 1939, Lewin et deux de ses étudiants en doctorat publièrent les résultats d'une recherche qui fit date. Les chercheurs avaient fait adopter différents styles de direction par les mêmes adultes alors que ceux-ci dirigeaient des groupes d'enfants. Les adultes cherchaient à établir un climat particulier de leadership — démocratique, autocratique ou de laissez-faire —, en d'autres termes des conditions d'environnement social de trois styles tout à fait opposés. Les réactions des enfants furent observées et un rapport détaillé des différents types d'interaction sociale fut établi. En dépit de certaines faiblesses, l'expérience a montré que le climat social démocratique (notion pourtant obscure) pouvait être créé dans des conditions de laboratoire contrôlées.
L'originalité et le succès de cette recherche eurent un effet libérateur. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, on assista à une vague de recherches expérimentales impliquant la manipulation de l'environnement social par la technique de mise en scène en laboratoire. Parallèlement, la recherche non expérimentale en psychologie sociale obtenait sur le terrain d'importants résultats. Aujourd'hui, la psychologie sociale est dominée par la recherche concrète, pratique et objective au détriment de la recherche spéculative.
Domaines de recherche
La psychologie sociale a des points communs avec de nombreuses autres disciplines, en particulier avec la sociologie et l'anthropologie culturelle. Mais tandis que le sociologue étudie les groupes sociaux et les institutions et que l'anthropologue se penche sur les différentes cultures, le psychosociologue s'intéresse à la façon dont les groupes sociaux, les institutions et les cultures influencent le comportement de l'individu. Les grands domaines de recherche en psychologie sociale s'articulent autour de la socialisation, des attitudes et de leurs changements, de l'affiliation sociale, de la structure du groupe et de la personnalité.
Socialisation
Les psychosociologues qui étudient le phénomène de la socialisation, c'est-à-dire le processus par lequel le sujet s'adapte ou est formé à un environnement social, s'intéressent à la façon dont les individus apprennent les règles qui régissent leur comportement vis-à-vis des autres personnes dans la société, qu'il s'agisse des groupes dont ils sont membres ou des individus qu'ils côtoient. La façon dont les enfants apprennent le langage, les rôles sexuels dans la société, les principes moraux et éthiques et le comportement adapté en général ont fait l'objet de recherches approfondies, tout comme les méthodes par lesquelles les adultes apprennent à adapter leur mode de comportement lorsqu'ils sont confrontés à des situations nouvelles.
Attitudes et changement d'attitude
Les attitudes des individus dans le groupe sont communément décrites comme des comportements acquis qui exercent une influence régulière sur les réactions individuelles aux objets, aux personnes ou aux groupes. En tant que produit de la socialisation, les attitudes sont considérées comme modifiables.
On a souvent vérifié l'hypothèse selon laquelle les individus tendent à maintenir une cohérence logique entre la perception qu'ils ont d'eux-mêmes et celle qu'attend d'eux leur environnement : cette hypothèse a permis de découvrir que, si le comportement détermine les attitudes (dispositions internes de l'individu à l'égard d'un problème social ou d'un groupe), la relation inverse est tout aussi vraie. Un grand nombre de théories sur la «consistance cognitive» (la cohérence logique) ont acquis une grande importance en psychologie sociale. Ces théories mettent en relief l'intérêt qu'a l'individu à penser que ses idées sont en accord avec sa conduite, ce qui l'incite à réagir, quand il est en face d'une perception inconsistante, par une tentative de réduction de l'inconsistance.
Les recherches des psychosociologues visent à comprendre les conditions dans lesquelles l'individu perçoit une inconsistance et celles dans lesquelles il s'efforce de réduire celle-ci en modifiant certaines de ses attitudes. Les études qui ont été réalisées, étayent la prédiction de la théorie de la consistance : selon celle-ci, les attitudes d'un individu envers un groupe peuvent être modifiées en amenant le sujet à modifier son comportement envers le groupe. Le changement d'attitude représente les efforts de l'individu pour harmoniser les idées qu'il se fait du groupe avec son comportement envers les membres de ce groupe.
Affiliation sociale, pouvoir et influence
Les facteurs qui régissent les liens d'affiliation et les rapports d'influence ont fait l'objet de recherches approfondies de la part des psychosociologues. Ainsi, les chercheurs ont mis en évidence qu'un individu, qui ne sait que penser ou comment réagir dans une situation nouvelle ou désagréable, cherchera auprès des autres l'information qui lui fait défaut. Les psychosociologues ont également mis en évidence le fait que les premiers-nés et les enfants uniques sont généralement plus enclins à se joindre à des groupes durant leur vie que les cadets.
Structure et fonctionnement de groupe
Les psychosociologues étudient les problèmes liés aux rapports d'influence réciproque entre le groupe et l'individu, entre autres les questions de la fonction, du style et de l'efficacité du leadership. Leurs recherches portent sur les conditions dans lesquelles les individus ou les groupes résolvent leurs conflits par la coopération ou la concurrence, et sur les multiples conséquences de ces modes de résolution des conflits. Les chercheurs tentent également de découvrir par quels moyens les groupes incitent ses membres à la conformité et comment ils traitent les membres récalcitrants; cette approche permet également de connaître les valeurs spécifiques du groupe.
Personnalité et société
Certains psychosociologues centrent leur recherche sur le développement des différences interindividuelles permanentes et sur les conséquences qui en découlent. Ils ont découvert que le degré de motivation face à une tâche, qui peut être mesuré, a une incidence sensible sur la façon dont un individu se comporte dans des situations sociales différentes de celle où a été exécutée cette tâche. Il a été démontré que certains types d'attitude envers l'autorité, comme celui de la «personnalité autoritaire», se manifestent par exemple, dans l'Europe de 1930 à 1945 envers les minorités ethniques ainsi que dans les comportements sociaux et politiques marqués par l'antisémitisme, l'ethnocentrisme, le conservatisme et les tendances antidémocratiques. Le syndrome de la personnalité connu sous le nom de «machiavélisme» est utilisé pour désigner l'attitude de certains individus dotés d'une grande aptitude à dominer des situations interpersonnelles déterminées.
Les techniques d'investigation
La psychologie sociale fait appel à de nombreuses méthodes et techniques de recherche. La recherche fondée sur la théorie a une longue tradition dans cette discipline et des modèles mathématiques sont de plus en plus utilisés dans les études psychosociologiques. Ces modèles théoriques constituent des projections du comportement social dans un système de relations sociales imaginées et sont détaillés et quantifiés à l'aide de paramètres mesurables précis.
Le questionnaire et l'entretien font partie des autres techniques très utilisées dans les sondages d'opinion publique et dans les études des choix entre les produits auprès des consommateurs. Ces deux méthodes constituent un défi considérable pour les enquêteurs. En effet, dans l'enquête sur le terrain, il est impossible de procéder au type de contrôle de l'environnement comme en laboratoire et les effets imperceptibles de variables que l'on peut observer dans les expériences en laboratoire sont fréquemment occultés par d'autres variables présentes dans les environnements sociaux réels.
Le comportement fait souvent l'objet d'observations systématiques dans un cadre naturel ou à l'aide d'ordinateurs programmés pour simuler un comportement social. Des techniques spéciales servent à analyser les statistiques et autres données, à procéder à des mesures d'attitudes, de choix social et d'attirance interpersonnelle. Les mesures psychophysiologiques, mesures des caractéristiques mentales et physiologiques communes, sont également importantes. La recherche transnationale et transculturelle fournit des comparaisons sur les comportements entre nations et cultures, le même travail de recherche étant mené dans plusieurs pays différents en vue de déterminer la validité transculturelle de la recherche.
Psychologie sociale appliquée
Les principes élaborés en laboratoire et dans la recherche sur le terrain sont appliqués à quantité de situations et de problèmes sociaux. Les chercheurs et conseillers en psychologie sociale appliquée contribuent à tenter de résoudre les problèmes propres aux relations ethniques, aux rapports internationaux, aux liens entre travailleurs dans l'entreprise, aux comportements politique et économique, à l'éducation, à la publicité. Industries, organismes, écoles et groupements de toutes sortes font régulièrement appel aux services des spécialistes en psychosociologie appliquée pour améliorer les relations interpersonnelles, la compréhension entre les membres de groupes en conflit, diagnostiquer et aider à résoudre les problèmes de la production en équipe.
Relations sociales
Les psychosociologues se sont, de tout temps, intéressés aux relations personnelles affectives. Les études sur les relations de longue durée ont montré que celles-ci possèdent une structure spécifique comportant des règles et des stéréotypes comportementaux qui se modifient au cours de l'histoire de la relation. Différentes théories ont été exposées pour expliquer l'équilibre des coûts et des récompenses qui sous-tendent les relations et qui aident à surmonter les conflits.
Communications interpersonnelles
Les psychosociologues ont mis en évidence le rôle central du langage et de la communication dans l'organisation et le fonctionnement de la vie sociale. Il existe une grande tradition de recherche sur la communication non verbale qui montre qu'une communication inconsciente complexe utilisant le langage du corps est nécessaire au bon fonctionnement de l'interaction sociale. C'est de cette façon que l'individu communique sa sympathie et laisse percevoir ses tendances affectives.
La psychologie sociale manifeste actuellement un intérêt croissant pour l'analyse du discours. Le rôle du langage dans la construction du monde social est appréhendé par des méthodes inspirées de la linguistique, en particulier de la pragmatique.
Cognition sociale
Depuis les années 1970, la cognition sociale est au cœur de la psychologie sociale. Elle s'intéresse à l'ensemble des représentations et des croyances qu'ont les individus sur le monde social. Les principaux secteurs de recherche explorent la façon dont l'individu explique son comportement personnel et celui d'autrui, les schémas qu'il projette des situations, la représentation qu'il a de lui-même. Parmi les questions que ces recherches laissent en suspens, figurent celles qui concernent les motivations et les affects liés au fonctionnement cognitif lui-même, ainsi que celles qui ont trait à l'origine des structures du savoir social.

Psychothérapie



Psychothérapie
Traitement, au moyen de procédés psychologiques, de la souffrance psychique de l'individu, qu'elle soit momentanée ou non, qu'elle se manifeste par un trouble psychosomatique, une difficulté d'adaptation ou une maladie mentale.
La psychothérapie diffère de l'assistance informelle que chacun peut recevoir d'autrui. Elle est tout d'abord menée par un psychothérapeute qui a reçu une formation spéciale et qui a ainsi une pratique patiente de l'écoute du sujet. La psychothérapie est ensuite encadrée par des théories sur les causes des troubles et les méthodes permettant de les soulager. La communication étant le premier moyen de guérison dans la plupart des formes de psychothérapie, la relation entre le thérapeute et le patient est bien plus importante que dans les autres traitements médicaux.
L'utilisation de moyens psychologiques pour remédier aux troubles mentaux et émotionnels est ancienne; elle a longtemps pris la forme de procédés magiques d'inspiration religieuse. Les premières tentatives de rationalisation de la pratique psychothérapeutique datent de la fin du XVIIIe siècle, lorsque le médecin autrichien Franz Anton Mesmer utilisa une forme de suggestion appelée le magnétisme animal. À la fin du XIXe siècle, l'hypnose connut son heure de gloire comme moyen de suggestion dans le traitement de certains dérèglements psychologiques, sous l'influence du neurologue français Jean Martin Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière, à Paris.
La psychothérapie psychanalytique

Les démonstrations par Charcot des valeurs thérapeutiques de l'hypnose furent réutilisées par Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse, qui détourna l'état hypnotique de sa fonction de suggestion et l'employa pour aider ses patients névrotiques à retrouver les souvenirs pénibles qu'ils avaient refoulés. Cette technique lui permit d'aider ses patients, mais aussi de rassembler les éléments fondamentaux de la théorie psychanalytique en postulant l'existence d'un inconscient psychique, qui constitue le champ d'investigation de la psychanalyse. Freud pensait que le développement d'une personne comporte des pulsions sexuelles et des pulsions d'agression que le sujet ne peut pas tolérer et qui sont rejetées de la conscience. Ces représentations psychiques des pulsions sont refoulées (elles sont inconscientes), mais cherchent constamment un exutoire; elles peuvent se manifester comme symptômes d'une névrose. Selon Freud, la meilleure preuve de l'existence du processus de refoulement est la résistance que le malade oppose au surgissement des souvenirs douloureux qui permettent d'éclairer les causes des névroses, ces dernières ayant leur source dans l'enfance. Freud pensait que ces symptômes pouvaient en effet disparaître si on amenait au niveau conscient les émotions et les fantasmes refoulés. Il utilisa d'abord l'hypnose comme moyen d'accès à l'inconscient, puis lui préféra la technique dite de la libre association : le patient exprime tout ce qui lui vient à l'esprit au sujet de ses rêves, de ses fantasmes ou de ses souvenirs.
Il accorda par la suite une grande valeur au transfert, c'est-à-dire à la réponse émotionnelle du sujet au thérapeute. Le transfert représente, selon Freud, les sentiments antérieurs du patient envers les membres de sa famille. L'association libre et la réaction de transfert constituent le pivot des séances de psychanalyse freudienne, qui peuvent se dérouler de trois à cinq fois par semaine.
Écoles psychanalytiques
Les meilleurs disciples de Freud s'opposèrent à lui sur des points importants de la théorie et de la technique thérapeutique et fondèrent leurs propres écoles.
Jung

Une école influente fut celle du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, selon qui Freud avait exagéré l'importance des instincts sexuels en tant que moteur du comportement. Jung pensait que l'individu doit aussi réaliser ses potentiels non sexuels, sous peine de névrose. Les thérapeutes jungiens aident leurs patients à prendre conscience de leurs ressources intrinsèques de développement et de leurs capacités à traiter les conflits. Les rêves et l'art permettent d'exprimer les associations du patient avec les images inconscientes qui, selon Jung, sont partagées par chacun.
Adler
Le psychologue et psychiatre autrichien Alfred Adler fut un autre élève de Freud qui rompit avec le maître. Lui aussi remit en question la place prépondérante accordée à la sexualité dans la théorie freudienne. Il développa l'idée du sentiment d'infériorité dont tous les enfants souffrent parce qu'ils sont petits et sans défense et théorisa le complexe d'infériorité. Pour Adler, les troubles psychologiques proviennent d'une manière de vivre inadéquate, qui recouvre des opinions et des objectifs erronés et un intérêt social sous-développé. Le travail du thérapeute consiste dès lors à rééduquer le patient, à lui faire prendre conscience de ses erreurs et à l'encourager à développer son intérêt social.
Fromm, Horney et Erikson
Quelques élèves de Freud, notamment Erich Fromm, Karen Horney et Erik Erikson élaborèrent une théorie des névroses qui insistait sur le rôle des influences sociales et culturelles sur la formation de la personnalité. Tous trois quittèrent l'Allemagne nazie dans les années 1930 et contribuèrent à implanter la psychanalyse aux États-Unis.
Fromm pensait que le problème fondamental de tout humain est une sensation d'isolement provoquée par la séparation de la mère. Pour lui, le but de la vie et de la thérapie est de s'orienter, de planter ses propres racines, et de trouver la sécurité en s'unissant aux autres tout en gardant son individualité.
K. Horney estimait que les névroses proviennent d'une anxiété fondamentale due à un manque d'amour et de respect dans l'enfance. Un enfant ayant souffert de telles circonstances développe des mécanismes d'hostilité refoulés envers autrui. Le comportement névrotique bloque les capacités de l'individu à vivre une croissance saine et à s'adapter aux changements. La thérapie doit alors dissiper l'illusion que le patient nourrit sur ses blocages de défense, c'est-à-dire les identifier et les éclairer, puis l'aider à mobiliser sa force constructive naturelle pour mener les changements à bien.
Erikson soutenait, comme Horney, que les humains sont capables de progresser toute leur vie. Le moi de l'individu est responsable de ces changements; il a besoin d'un environnement convenable pour se développer correctement. À défaut, la thérapie peut apporter au patient la confiance nécessaire à un moi sain. Au début de sa carrière, Erikson était analyste pour enfants et se distinguait des psychanalystes traditionnels en travaillant avec la famille du patient.
Psychothérapie de l'enfant
La psychothérapie d'enfants, développée à l'origine par Anna Freud et Mélanie Klein, utilise les mêmes cadres de référence que celle des adultes, le thérapeute devant cependant constamment garder à l'esprit le stade de développement de son patient. Les techniques de communication sont différentes dans la thérapie pour enfants : le jeu y devient un des éléments importants du discours qui se met en place. En France, des psychanalystes comme Françoise Dolto et Maud Mannoni ont contribué, avec leurs nombreux ouvrages, à populariser la psychanalyse d'enfants.
Les psychothérapies humanistes
S'appuyant sur des conceptions optimistes de la nature humaine, les thérapies humanistes créditent l'homme d'un potentiel de bonté.
Carl Rogers
Le psychologue américain Carl Rogers élabora la psychothérapie «centrée sur le client». Rogers pensait que les organismes humains ont une tendance innée à se maintenir et à s'améliorer; cette tendance les pousse vers le progrès, la maturité et l'enrichissement de la vie. Chaque personne est capable de se comprendre et de mener des changements constructifs. Le potentiel peut être découvert avec l'aide d'un thérapeute.
Rogers attachait plus d'importance aux attitudes du thérapeute qu'à sa formation technique ou à son talent; il préférait le terme de «client» à celui de «patient» pour indiquer que le traitement n'était ni manipulatoire, ni de nature médicale. La psychothérapie dite non-directive de Carl Rogers prône la neutralité ou la non-intervention du thérapeute, qui doit se contenter d'écouter le patient. Pour Rogers, le traitement consiste à favoriser la reproduction des attitudes du thérapeute par le client. L'écoute du thérapeute permet au client de prêter attention à des pensées et des sentiments de plus en plus effrayants, jusqu'à l'atteinte d'un niveau d'acceptation de soi permettant les changements et les progrès.
La gestalt-thérapie
La gestalt-thérapie est une autre approche humaniste qui fut développée par l'Allemand Frederick S. Perls. Psychanalyste de formation, Perls pensait que la civilisation moderne produit immanquablement des névroses, parce qu'elle oblige les gens à refouler leurs désirs naturels; elle contrarie une tendance profonde de l'homme à ajuster sa biologie et sa psychologie à l'environnement et provoque des névroses d'angoisse. Les soins passent alors par le rappel à la conscience des besoins insatisfaits. Perls élabora une thérapie corporelle et proposa notamment au patient des exercices d'amélioration de la perception des émotions, de l'état physique et des besoins réprimés. La gestalt-thérapie est une thérapie individuelle ou de groupe, qui comporte généralement une séance hebdomadaire sur une période qui peut aller jusqu'à deux ans.
La thérapie comportementale
Contrairement à la plupart des thérapies proches de la psychanalyse, la thérapie proposée par le behaviorisme ne repose pas sur une théorie des névroses. Elle est plutôt une application de méthodes de la psychologie expérimentale aux problèmes du patient. Les thérapeutes sont souvent des psychologues; ils ne s'intéressent pas directement aux forces psychologiques sous-jacentes mais au comportement qui engendre le malaise du sujet. Pour eux, tous les types de comportement, normaux ou inadaptés, sont appris en fonction de principes bien précis, qui ont été étudiés en détail, notamment par le Russe Ivan Pavlov et par l'Américain Burrhus Frederic Skinner. Les thérapeutes behavioristes pensent qu'on peut utiliser ces principes de conditionnement et de déconditionnement pour corriger les comportements dont on souffre.
Dans tous les cas, les thérapeutes comportementaux débutent le traitement en recherchant toutes les informations disponibles sur le problème du patient et les circonstances de son apparition. Ils ne cherchent pas à en déduire des causes ou des significations cachées; ils s'intéressent surtout aux phénomènes observables et mesurables. Cette analyse comportementale leur permet de formuler des hypothèses sur les circonstances qui génèrent et entretiennent le problème; ils peuvent alors commencer à modifier ces circonstances une à une, tout en observant les modifications du comportement du patient.
Désensibilisation
La désensibilisation systématique est l'une des plus anciennes et l'une des plus fréquentes des nombreuses techniques employées par les thérapeutes behavioristes. Cette méthode fut développée par le psychiatre sud-africain Joseph Wolpe. Destinée à traiter les symptômes d'angoisse profonde, elle apprend au patient à se détendre et à approcher progressivement des situations ou des objets qui l'effraient.
Les approches cognitives
Les thérapeutes comportementaux accordent depuis peu une attention nouvelle à l'influence de la pensée sur le comportement, sous l'influence de chercheurs comme le psychologue américain Albert Bandura. La thérapie cognitive utilise l'approche behavioriste pour modifier les croyances et les habitudes de pensée qui paraissent être la cause du malaise du sujet.
Selon le psychologue américain Albert Ellis, les désordres émotionnels proviennent de croyances irrationnelles et de pensées illogiques. Lorsqu'il traite ses patients, il les confronte à ce qu'il considère être leur «irrationalité» et les encourage à la remplacer par des pensées et des émotions plus rationnelles. Le psychologue américain Aaron T. Becks a développé une technique semblable. Les approches comportementales et cognitives paraissent parfois n'être que des versions enrichies de l'autosuggestion préconisée par le psychothérapeute Émile Coué. Néanmoins on doit à l'approche cognitive une mise en perspective radicalement nouvelle et prometteuse de l'autisme.
La thérapie de groupe
La psychothérapie de groupe présente l'avantage d'être moins coûteuse que la thérapie individuelle; par ailleurs, elle a la vertu de démontrer au patient que son problème n'est pas unique. On considère que les principaux changements et progrès observés en thérapie de groupe proviennent des interactions entre les membres du groupe; le thérapeute est chargé d'encourager ces interactions et de les contrôler.
Origines
La thérapie de groupe est apparue en Europe et aux États-Unis au début du XXe siècle. En Europe, le psychiatre Jacob L. Moreno fut le premier à l'utiliser. Il amenait ses patients à améliorer la prise de conscience de leurs problèmes en leur faisant jouer leur propre rôle. Le «psychodrame» de Moreno s'est répandu dans le monde entier; il est utilisé pour le traitement des patients névrosés et psychotiques et pour la formation de praticiens du domaine psychiatrique.
On emploie aujourd'hui de multiples formes de psychothérapie de groupe, qui connaissent les mêmes orientations théoriques que les thérapies individuelles. Des thérapeutes voient leurs patients individuellement et en groupe.
Les thérapies familiales
La thérapie familiale est une application particulière des thérapies de groupe. Dès les années 1930, Adler travailla avec des familles, mais il fallut attendre le début des années 1950 pour que d'autres thérapeutes commencent à traiter les familles plutôt que les individus. Ce mouvement thérapeutique part du principe que les relations familiales habituelles affectent profondément les problèmes psychologiques d'un membre de la famille, qui les influencent en retour. Plutôt que d'explorer les conflits internes des individus, les thérapeutes familiaux s'efforcent de promouvoir les interactions entre les membres de la famille, essayant d'améliorer ainsi le bien-être de chacun.
Psychothérapies brèves et interventions de crise
Les psychothérapies brèves ont été développées pour proposer des thérapies d'une durée plus limitée que celle de la cure type et pour répondre à de situations de crise. Les individus sont en effet plus susceptibles de changer, en bien ou en mal, lors d'une période critique de la vie, telle que le décès d'un proche. Une intervention peut alors les aider à surmonter la crise, voire les aider à devenir plus forts psychologiquement qu'ils ne l'étaient avant la crise.
On peut envisager deux types de psychothérapie brève. Le premier s'attache à supprimer l'angoisse et recourt à des techniques de soutien telles que le renforcement de la confiance, la suggestion, la manipulation de l'environnement et les médicaments. Le second utilise des techniques qui provoquent l'anxiété, afin de perturber les défenses névrotiques habituelles du patient et de permettre des changements. La psychanalyse elle-même est une technique génératrice d'angoisse; aussi les premières thérapies conduites par Freud duraient-elles moins d'un an.
La formation du thérapeute
Les psychothérapeutes proviennent souvent du milieu médical, de la psychologie et du secteur social. Leurs formations sont très dissemblables, bien que leurs pratiques cliniques concrètes puissent être assez proches.
Les psychiatres sont des médecins. Dans de nombreux pays, ils suivent la filière d'études médicales pendant plusieurs années, puis suivent une formation clinique. Ils sont ensuite formés en psychiatrie pendant une période de stage d'environ trois ans. Les futurs psychanalystes doivent faire une analyse personnelle avant de pouvoir exercer en tant qu'analystes.
Les psychologues doivent normalement détenir un doctorat en psychologie clinique et suivre un an de pratique thérapeutique, sous supervision, avant de pouvoir exercer. Les travailleurs sociaux se spécialisent en santé mentale et passent une maîtrise ou un doctorat avant de pratiquer. À l'instar des psychanalystes, certains psychologues et travailleurs sociaux poursuivent leur formation dans des instituts consacrés à une école particulière de psychothérapie, et nombre d'entre eux entrent également en thérapie. Les infirmiers et infirmières psychiatriques ont généralement un diplôme de maîtrise et exercent principalement en milieu hospitalier.
Évaluation
Les différents types de psychothérapie poursuivent des buts différents, de l'ambition psychanalytique de modification de la structure profonde de la personnalité et de traitement des dilemmes existentiels à la visée plus pratique du thérapeute behavioriste qui cherche seulement à faire disparaître des symptômes pénibles. On doit donc évaluer chacune des méthodes de traitement par rapport aux objectifs qu'elle s'assigne.
La disparition d'un symptôme est plus visible que les résultats plus étendus et plus profonds d'une psychanalyse. Les thérapies behavioristes et les autres thérapies directives et limitées peuvent fournir des preuves d'une validité scientifique supérieure à celles de la psychanalyse et des méthodes proches.
On a essayé de remplacer les études de cas, autrefois utilisées comme témoignages des succès d'une méthode, par la méthodologie appliquée lors de l'évaluation d'un nouveau médicament. Cette méthode compare une sous-population de patients bénéficiant d'une version standard du traitement à d'autres patients qui reçoivent un autre traitement. Ces études permettent de déterminer quel traitement est le mieux adapté à un type de patient particulier. Ce degré de spécificité est resté jusque-là hors de portée des chercheurs, à une exception près : la thérapie behavioriste semble particulièrement adaptée au traitement des manies.